Tout d’abord, eh bah bonne année 2017 et bonne santé.
Voilà.
On a tous un peu rêvé de voyager dans le temps.
Mais à quel point ? C’est vrai ça, comme tout, cela dépend des intérêts, des goûts de chacun. Personnellement, si le Doc arrivait devant moi avec sa DeLorean, je lui demanderais de me ramener le 9 Mars 1994, jour de la sortie de La Cité de la Peur. C’est un film culte, dont on connaît tous les dialogues par coeur : « Karamazov, aucun lien, fils unique », « Quand je suis content je vomis », « Je suis quasiment sûr que nous avons à faire avec un serial kwilleuwr *TING* » etc, etc. Mais je me suis toujours demandé : qu’en fût-il le jour de sa sortie ? Là où le public à découvert pour la première fois ces répliques qui nous font encore rire 23 ans plus tard ? Là ou, au final, le public à posé son premier regard sur une oeuvre qui marquera durablement son époque et au-delà ?
C’est un sentiment qui est de plus en plus rare à éprouver. Rare, voire même quasi-impossible. Parce que, au final, c’est le temps qui décide de la pérénnité de l’art. Mais, parfois, dans sa vie d’amateur d’art, que ce soit cinéma, musique, peinture, BD, théâtre, ce sentiment peut être ressenti. Ce sentiment d’avoir à faire à quelque chose de bien plus grand que son simple postulat. L’assurance même d’un objet artistique rassembleur, qui vous donne envie d’y replonger encore et encore, que vous n’arrivez pas forcément à théoriser et vous emmène loin de votre quotidien. Et LaLaLand m’a fait ressentir ce sentiment.
C’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler quelques heures avant sa sortie. Parce que déja on en parle déja pas mal, les Golden Globes, les Oscars tout ça tout ça. Mais, d’ici quelques jours, préparez-vous à en entendre vraiment parler. Préparez-vous à entendre des amis, des collègues de bureau, des gens de la famille, siffloter « Another Day of Sun », « Someone in the Crowd » ou même carrément hurler comme une rockstar « Start a Fire ». Préparez-vous à avoir une dizaine de personnes vous le conseiller. Préparez-vous aux opprobres si jamais vous ne l’avez pas aimé. Parce que ici, Damien Chazelle, réalisateur du très différent (en apparence) Whiplash, vient signer plus qu’un simple film : un véritable grand spectacle, populaire, coloré, galvanisant, le film qu’il faudra voir AU CINÉMA.
Bon, je vais pas vous faire l’outrecuidance de vous raconter en détails l’histoire du film : en gros, une histoire d’amour entre une aspirante actrice malchanceuse et un pianiste ambitieux et arrogant en plein Los Angeles, cité des anges où si vous n’êtes pas « quelqu’un », vous n’êtes personne. On ne peut pas dire que l’histoire soit d’une grande originalité, mais Chazelle prend cela à parti pour la traiter à bras le corps avec une salvatrice absence de cynisme, comme le cite un dialogue du film : « Tu dis Romantique comme si c’était une insulte ». Toute la raison d’être du film, en somme.
Cette absence de cynisme sert du coup le scénario du film, qui aurait pu facilement enchaîner les clichetons, mais au final nous emporte dans sa douce folie grâce, en partie, à une mise en scène ultra-maîtrisée de Chazelle. Mise en scène certes à la rercherche de l’excellence, (faux) plans-séquences à l’appui, mais toujours avec cette pointe de fragilité qui la rend beaucoup plus humaine, tout comme ses personnages. C’est aussi la grande force de la mise en scène : toujours à hauteur de personnage, où le fond cotoîe la forme de belle manière, sans que ce ne soit trop appuyé. C’est pour cette raison que je ne relève pas l’existance, somme toute sommaire, des personnages secondaires : la mise en scène s’aligne autour de Stone et Gosling. Rien ne sonne faux, tout coule de source. Chazelle se crée ainsi, après Whiplash, un certain style qui se fait de plus en plus reconnaissable. Citons par ailleurs, l’excellent travail de Linus Sandgren à la photo et de Tom Cross au montage, le premier pour la belle palette de couleurs réjouissante, et le deuxième pour un rhythme qui ne défaillit jamais tout au long du film, quelque soit l’ambiance.
Passons maintenant aux acteurs, et il y a des choses à dire, mais la plus importante, la voilà : Stone et Gosling sont absolument parfaits. N’oublions pas que les rôles ont été attitrés à la base à Emma Watson et Miles Teller (ce qui aurait donné un côté suite non-officielle à Whiplash, les références sont nombreuses), qui ont quitté le projet pour La Belle et la Bête pour la première, divergences artistiques pour le deuxième. Fun fact : Gosling, pour jouer dans LaLaLand, à quitté… La Belle et la Bête. Et autant dire, le film n’aurait pas été pareil. Gosling, tout d’abord, dans son rôle de jeune pianiste légèrement arrogant mais aussi très charmant, joue de son côté impassible qui lui a été souvent reproché, et fonctionne parfaitement dans son rôle. Notons sa performance au piano, très convaincante.
Emma Stone. Voilà. Rien que la formulation de son nom sert à me faire tchiki boum tchiki boum. C’est bien simple : si, comme moi (ou Jim Carrey), vous êtes amoureux d’elle depuis Superbad, vous allez, de un : encore plus tomber amoureux d’elle, et surtout, ressentir une profonde réjouissance. Parce qu’il n’est presque rien de plus réjouissant, au cinéma, de suivre un.e acteur.trice que vous aimez, que vous suivez, soudain exploser devant vos yeux. Dans ce film, elle explose littéralement, magnétise complètement l’écran de son regard extensible, de ses grands yeux bleus, et de sa voix légèrement éraillée dont elle joue de fort belle manière, dont le pinnacle reste sa scène d’audition finale, dont je défie quiconque de ne pas tomber en sanglots.
Mais bon, LaLaLand c’est une comédie musicale. Alors comédie, ça c’est fait, mais musicale, il en est quoi ? Rien à faire, là aussi, c’est parfait : Justin Hurwitz signe ici une BO de grande qualité. Premièrement, toutes les chansons sont des tubes proprement excellents, allez je les cite pour le plaisir : Another Day of Sun, Someone in the Crowd, A Lovely Night, City of Stars, Start a Fire, Audition (The Fools who Dream). Chacune vous fera ressentir différentes émotions : les deux premières vous feront danser comme un.e damné.e, la troisième et quatrième swinguer, la cinquième vous prendre pour un.e rock star qui pue le swagg, et la sixième fondre en larmes si vous êtes quelqu’un de normalement constitué.e. Encore une fois, l’OST est toujours conciliante avec la forme sans paraître grossière.
Mais si il n’y avait que ça. Non non non non ! Le score, quand à lui, est assez remarquable, dans le sens où il réussit à créer quelque chose de plus en plus rare : un thème musical. On va jouer à un petit jeu : citez-moi des films, ces 10 dernières années, avec un VRAI thème musical qui revient comme une mélodie dont vous vous souvenez. Je sais pas trop, mais moi, l’exemple le plus récent qui me revient, c’est Harry Potter. Mia and Sebastian’s Theme est une petite musique qui va vous rester longtemps dans la tête, MARK MY WORDS.
Mais vous savez quoi ? Au final, tout ça, on s’en fout.
Ouais, je sais, ca fait un peu la fin pérave en mode « ce n’était qu’un rêve olala ». Mais en fait, la réa, pfff. Les acteurs, pfff. La musique, pfff. Au final, ce qui compte, c’est qu’on en voit peu, des comme ça. Ce qui compte, c’est le ressenti.
Pour tout vous dire, j’ai pleuré au moins 5 fois dans le film. La première, ce fut 30 SECONDES après le début du film. Pour des raisons que je n’explique pas encore. Peut-être parce que j’ai eu le sentiment si rare où tout semble s’imbriquer parfaitement, où tout est une évidence, tout coule de source, où au final, ce sont les larmes qui coulent.
Une oeuvre qui marche comme une drogue, qui donne envie d’y revenir dès que vous en éloignez. Pour être honnête, j’irai le revoir dès sa sortie.
LaLaLand, c’est un cadeau.
Et un cadeau, c’est sacré.
Ne vous en privez pas.
Note : 9,25/10
Titre original : LaLaLand | Réalisation : Damien Chazelle | Avec : Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, Finn Wittrock, Callie Hernandez, Sonoya Mizuno, Jessica Rothe, Tom Everett Scott, Josh Pence, Jason Fuchs, Meagen Fay… | Scénario : Damien Chazelle | Producteurs : Fred Berger, Marc Platt, Jordan Horowitz, Gary Gilbert | Musique : Justin Hurwitz | Image : Linus Sandgren | Décors : David Wasco | Montage : Tom Cross | Son : Andy Nelson, Ai-Ling Lee, Steven Morrow, Mildred Iatrou | Costumes : Mary Zophres | Production : Black Label Media, Gilbert Films, Impostor Pictures, Marc Platt Productions | Distribution salles : SND | Durée : 128 minutes | Sortie : 25 Janvier 2017
LA CHANSON QUI VA BIEN
ALORS OUI, j’aurais pu mettre un extrait de la BO du film mais déja, ce serait trop facile, et puis aussi, je préfère vous la laisser découvrir.
Je préfère rendre un petit hommage discret à William Onyeabor, patron du funk nigérian (du Nigéria), décédé il y a quelques jours, avec son morceau Fantastic Man, une pure bombe pour moi. R.I.P. l’artiste !
Allez, à plus les copain.e.s.
J’écrirai un viteuf dans pas trop de temps.