Au Premier Regard

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Tout d’abord, eh bah bonne année 2017 et bonne santé.
Voilà.

On a tous un peu rêvé de voyager dans le temps.
Mais à quel point ? C’est vrai ça, comme tout, cela dépend des intérêts, des goûts de chacun. Personnellement, si le Doc arrivait devant moi avec sa DeLorean, je lui demanderais de me ramener le 9 Mars 1994, jour de la sortie de La Cité de la Peur. C’est un film culte, dont on connaît tous les dialogues par coeur : « Karamazov, aucun lien, fils unique », « Quand je suis content je vomis », « Je suis quasiment sûr que nous avons à faire avec un serial kwilleuwr *TING* » etc, etc. Mais je me suis toujours demandé : qu’en fût-il le jour de sa sortie ? Là où le public à découvert pour la première fois ces répliques qui nous font encore rire 23 ans plus tard ? Là ou, au final, le public à posé son premier regard sur une oeuvre qui marquera durablement son époque et au-delà ?

C’est un sentiment qui est de plus en plus rare à éprouver. Rare, voire même quasi-impossible. Parce que, au final, c’est le temps qui décide de la pérénnité de l’art. Mais, parfois, dans sa vie d’amateur d’art, que ce soit cinéma, musique, peinture, BD, théâtre, ce sentiment peut être ressenti. Ce sentiment d’avoir à faire à quelque chose de bien plus grand que son simple postulat. L’assurance même d’un objet artistique rassembleur, qui vous donne envie d’y replonger encore et encore, que vous n’arrivez pas forcément à théoriser et vous emmène loin de votre quotidien. Et LaLaLand m’a fait ressentir ce sentiment.

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C’est pour ça que j’ai décidé de vous en parler quelques heures avant sa sortie. Parce que déja on en parle déja pas mal, les Golden Globes, les Oscars tout ça tout ça. Mais, d’ici quelques jours, préparez-vous à en entendre vraiment parler. Préparez-vous à entendre des amis, des collègues de bureau, des gens de la famille, siffloter « Another Day of Sun », « Someone in the Crowd » ou même carrément hurler comme une rockstar « Start a Fire ». Préparez-vous à avoir une dizaine de personnes vous le conseiller. Préparez-vous aux opprobres si jamais vous ne l’avez pas aimé. Parce que ici, Damien Chazelle, réalisateur du très différent (en apparence) Whiplash, vient signer plus qu’un simple film : un véritable grand spectacle, populaire, coloré, galvanisant, le film qu’il faudra voir AU CINÉMA.

Bon, je vais pas vous faire l’outrecuidance de vous raconter en détails l’histoire du film : en gros, une histoire d’amour entre une aspirante actrice malchanceuse et un pianiste ambitieux et arrogant en plein Los Angeles, cité des anges où si vous n’êtes pas « quelqu’un », vous n’êtes personne. On ne peut pas dire que l’histoire soit d’une grande originalité, mais Chazelle prend cela à parti pour la traiter à bras le corps avec une salvatrice absence de cynisme, comme le cite un dialogue du film : « Tu dis Romantique comme si c’était une insulte ». Toute la raison d’être du film, en somme.

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Cette absence de cynisme sert du coup le scénario du film, qui aurait pu facilement enchaîner les clichetons, mais au final nous emporte dans sa douce folie grâce, en partie, à une mise en scène ultra-maîtrisée de Chazelle. Mise en scène certes à la rercherche de l’excellence, (faux) plans-séquences à l’appui, mais toujours avec cette pointe de fragilité qui la rend beaucoup plus humaine, tout comme ses personnages. C’est aussi la grande force de la mise en scène : toujours à hauteur de personnage, où le fond cotoîe la forme de belle manière, sans que ce ne soit trop appuyé. C’est pour cette raison que je ne relève pas l’existance, somme toute sommaire, des personnages secondaires : la mise en scène s’aligne autour de Stone et Gosling. Rien ne sonne faux, tout coule de source. Chazelle se crée ainsi, après Whiplash, un certain style qui se fait de plus en plus reconnaissable. Citons par ailleurs, l’excellent travail de Linus Sandgren à la photo et de Tom Cross au montage, le premier pour la belle palette de couleurs réjouissante, et le deuxième pour un rhythme qui ne défaillit jamais tout au long du film, quelque soit l’ambiance.

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Passons maintenant aux acteurs, et il y a des choses à dire, mais la plus importante, la voilà : Stone et Gosling sont absolument parfaits. N’oublions pas que les rôles ont été attitrés à la base à Emma Watson et Miles Teller (ce qui aurait donné un côté suite non-officielle à Whiplash, les références sont nombreuses), qui ont quitté le projet pour La Belle et la Bête pour la première, divergences artistiques pour le deuxième. Fun fact : Gosling, pour jouer dans LaLaLand, à quitté… La Belle et la Bête. Et autant dire, le film n’aurait pas été pareil. Gosling, tout d’abord, dans son rôle de jeune pianiste légèrement arrogant mais aussi très charmant, joue de son côté impassible qui lui a été souvent reproché, et fonctionne parfaitement dans son rôle. Notons sa performance au piano, très convaincante.

Emma Stone. Voilà. Rien que la formulation de son nom sert à me faire tchiki boum tchiki boum. C’est bien simple : si, comme moi (ou Jim Carrey), vous êtes amoureux d’elle depuis Superbad, vous allez, de un : encore plus tomber amoureux d’elle, et surtout, ressentir une profonde réjouissance. Parce qu’il n’est presque rien de plus réjouissant, au cinéma, de suivre un.e acteur.trice que vous aimez, que vous suivez, soudain exploser devant vos yeux. Dans ce film, elle explose littéralement, magnétise complètement l’écran de son regard extensible, de ses grands yeux bleus, et de sa voix légèrement éraillée dont elle joue de fort belle manière, dont le pinnacle reste sa scène d’audition finale, dont je défie quiconque de ne pas tomber en sanglots.

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Mais bon, LaLaLand c’est une comédie musicale. Alors comédie, ça c’est fait, mais musicale, il en est quoi ? Rien à faire, là aussi, c’est parfait : Justin Hurwitz signe ici une BO de grande qualité. Premièrement, toutes les chansons sont des tubes proprement excellents, allez je les cite pour le plaisir : Another Day of Sun, Someone in the Crowd, A Lovely Night, City of Stars, Start a Fire, Audition (The Fools who Dream). Chacune vous fera ressentir différentes émotions : les deux premières vous feront danser comme un.e damné.e, la troisième et quatrième swinguer, la cinquième vous prendre pour un.e rock star qui pue le swagg, et la sixième fondre en larmes si vous êtes quelqu’un de normalement constitué.e. Encore une fois, l’OST est toujours conciliante avec la forme sans paraître grossière.

Mais si il n’y avait que ça. Non non non non ! Le score, quand à lui, est assez remarquable, dans le sens où il réussit à créer quelque chose de plus en plus rare : un thème musical. On va jouer à un petit jeu : citez-moi des films, ces 10 dernières années, avec un VRAI thème musical qui revient comme une mélodie dont vous vous souvenez. Je sais pas trop, mais moi, l’exemple le plus récent qui me revient, c’est Harry Potter. Mia and Sebastian’s Theme est une petite musique qui va vous rester longtemps dans la tête, MARK MY WORDS.

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Mais vous savez quoi ? Au final, tout ça, on s’en fout.

Ouais, je sais, ca fait un peu la fin pérave en mode « ce n’était qu’un rêve olala ». Mais en fait, la réa, pfff. Les acteurs, pfff. La musique, pfff. Au final, ce qui compte, c’est qu’on en voit peu, des comme ça. Ce qui compte, c’est le ressenti.

Pour tout vous dire, j’ai pleuré au moins 5 fois dans le film. La première, ce fut 30 SECONDES après le début du film. Pour des raisons que je n’explique pas encore. Peut-être parce que j’ai eu le sentiment si rare où tout semble s’imbriquer parfaitement, où tout est une évidence, tout coule de source, où au final, ce sont les larmes qui coulent.
Une oeuvre qui marche comme une drogue, qui donne envie d’y revenir dès que vous en éloignez. Pour être honnête, j’irai le revoir dès sa sortie.

LaLaLand, c’est un cadeau.
Et un cadeau, c’est sacré.
Ne vous en privez pas.

Note : 9,25/10

Titre original : LaLaLand | Réalisation : Damien Chazelle | Avec : Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, Finn Wittrock, Callie Hernandez, Sonoya Mizuno, Jessica Rothe, Tom Everett Scott, Josh Pence, Jason Fuchs, Meagen Fay… | Scénario : Damien Chazelle | Producteurs : Fred Berger, Marc Platt, Jordan Horowitz, Gary Gilbert | Musique : Justin Hurwitz | Image : Linus Sandgren | Décors : David Wasco | Montage : Tom Cross | Son : Andy Nelson, Ai-Ling Lee, Steven Morrow, Mildred Iatrou | Costumes : Mary Zophres | Production : Black Label Media, Gilbert Films, Impostor Pictures, Marc Platt Productions | Distribution salles : SND | Durée : 128 minutes | Sortie : 25 Janvier 2017

LA CHANSON QUI VA BIEN

ALORS OUI, j’aurais pu mettre un extrait de la BO du film mais déja, ce serait trop facile, et puis aussi, je préfère vous la laisser découvrir.
Je préfère rendre un petit hommage discret à William Onyeabor, patron du funk nigérian (du Nigéria), décédé il y a quelques jours, avec son morceau Fantastic Man, une pure bombe pour moi. R.I.P. l’artiste !

Allez, à plus les copain.e.s.
J’écrirai un viteuf dans pas trop de temps.

El famosos top 10 del año

Coucou les copain.e.s,  vous allez bien ? Moi ça va pas mal. J’ai mangé des escargots pour Noël, ouais je suis pas trop dans le genre dîners de famille. Enfin bref on est en 2017 d’ici 5 jours; George Michael vient de décéder, décidément 2016 a été une sacrée année de merde jusqu’au bout, du coup 2017 ne sent pas très bon non plus. Encore plus avec la présidentielle qui s’annonce, avec ce combat se profilant entre Fillon, MLP, Macron et autres Valls… Yaaaaaay. Je m’en réjouis d’avance. Je parle même pas du SNL made in France un jeudi (lol) avec Gad Elmaleh et autres Kev Adams, qui pue l’accident industriel et c’est tant mieux.

BREF, 2016 a été pourrie, et le futur ne semble pas meilleur. Mais au niveau du cinéma que s’est-il passé. Bah elle était pas mal mais pas folle. Pas mal de bons films, peu de vraies purges au final, mais encore moins de vraies tueries au programme. Pour exemple, mon top 5 a été assez clair (et encore, deux de ces films ne sont pas techniquement sortis au ciné cette année, mais j’y reviendrai), pour le reste c’est presque de l’ex-aequo.

Mon top 10 est donc composé de 10 films (tout va bien jusque là), venant pêle-mêle de Corée du Sud, France, Grande-Bretagne, Mexique et USA. Il est composé de films vus en première exclusivité, donc cela peut être en sortie salle comme en festival. Le Festival du Film Fantastique de Strasbourg (ou le FEFFS) précisément, donc c’est normal que plusieurs films dont je vais parler ici ne sont pas encore sortis. Voilà voilà. Vous êtes prêts ? Moi, oui.

On va commencer d’abord par quelques mentions honorables (pas d’ordre précis), soit des films que j’ai aimé mais qui n’ont pas pu accéder à mon top 15 :

Elvis & Nixon de Liza Johnson

Guibord s’en va-t-en Guerre de Philippe Falardeau

Julieta de Pedro Almodòvar

Quand on a 17 Ans de André Téchiné

Sieranevada de Cristi Puiu

Another Evil de Carson Mell

Grimsby de Louis Leterrier

Everybody Wants Some de Richard Linklater

Finding Dory (Le Monde de Dory) de Andrew Stanton

Victoria de Justine Triet

Voilà pour le début. Maintenant le début du top 15, qui font partie, à mon avis, du haut du panier de l’année cinéma mais dont je ne parlerai pas ici parce que c’est le top 10 qui compte ici, que des numéros 10 dans ma team izi.

15 – Hell or High Water (Comancheria) de David MacKenzie

14 – The Nice Guys de Shane Black

13 – La Folle Histoire de Max & Léon de Jonathan Barré

12 – The VVitch de Robert Eggers

11 – Jigeumeun Matgo Geuttaeneun Teullida (Un Jour Avec, Un Jour Sans) de Hong Sang-Soo

Ayé, maintenant on peut attaquer le gros du top. C’est parti !

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10 – Kubo and the Two Strings (Kubo et l’Armure Magique) de Travis Knight

Le studio d’animation Laïka revient en force avec ce récit d’apprentissage épique et envoûtant, d’une beauté sans borne et toujours respectueux du cadre dans lequel il se passe, le tout porté par un casting vocal 4 étoiles. Sans conteste un des meilleurs films d’animation de l’année, aussi sousestimé que Ma Vie de Courgette est surestimé.


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9 – The Hateful Eight (Les Huit Salopards) de Quentin Tarantino

Les films qui sortent en Janvier c’est toujours un peu chiant parce qu’on les oublie souvent quand on se dit « qu’est-ce qui est sorti de bien cette année ? ». Heureusement, The Hateful Eight a dans sa besace une scène, qui pour moi, fait partie d’un des grands moments cinéma de l’année, que ce soit dans la diégèse comme à l’extérieur. Elle est déja un moment de cinéma marquant pour le spectateur, mais surtout un pivot diégétique qui provoque le crescendo sanglant et jouissif qu’est la deuxième partie du film, que Tarantino a eu soin de préparer longuement grâce à une caractérisation des persos parfaite, un cadre suffocant, un casting salade-tomate-oignon et une partition oufissime de Ennio Morricone. La classe tout simplement.


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8 – Rocco de Thierry Demaizière et Alban Teurlai

La présence de Rocco aussi haut dans le classement peut paraître relativement étrange, mais à mon avis, c’est un des films les plus forts de l’année à mon opinion. Déja, je pense que le monde de la pornographie est un univers assez fascinant. C’est un monde à part entière, animal, où l’on peut être aussi lions hédonistes (comme Mike Angelo dans le film par exemple) que biches aveuglées par les lumières qui découvrent la réalité (comme une certaine Jenny Smart après quelques recherches), et ça, le film le montre très bien. Mais là où il apporte de l’eau au moulin par rapport avec ce qui a été fait auparavant sur le porno, c’est tout d’abord dans les personnages qu’il crée malgré le cadre documentaire. Je pense surtout au cousin de Siffredi, Gabriele, qui a l’air de sorti d’un film des frères Coen, impression encore plus pregnante par son air de ressemblance avec William H.Macy.

Celui de Rocco aussi, sorte de trait d’union entre Mel Gibson (pour le côté doloriste) et Van Damme (pour le côté marque déposée, et aussi une vague ressemblance), quelqu’un de bouffé par ses démons mais qui a envie de s’en sortir.
Mais le personnage qui apporte vraiment de l’eau au moulin est celui de Kelly Stafford, qui, par son approche du sexe et du porno, permet de dire enfin quelque chose de neuf et pertinent sur la place de la femme dans le porno, et en fait un film plus féministe que prévu. L’objet est en plus cinématographiquement plus que soigné, ce qui fait toujours plaisir. Bref, je suis content de le mettre dans le top 10.


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7 – Elle de Paul Verhoeven

Le fou Hollandais débarque dans le milieu du cinéma français. Cette proposition faisait autant envie que peur : allait-il se conformer dans le moule du cinéma d’auteur ou, au contraire, tout envoyer péter comme à l’époque de Showgirls ou de Starship Troopers ? Au final il réussit à faire un tour de force : un peu des deux. Plus précisément, dans la forme on est sur quelque chose de très français, mais dans le fond, c’est un jeu de massacre, un dézinguage pur et simple du milieu étriqué du ciné français.

On reconnaît ici la subversion légendaire de Verhoeven, ce côté cynique, noir qui a toujours été sa marque de fabrique, mais on ne peut pas passer sous silence le scénar en béton armé de David Birke, qui nous tient en haleine de bout en bout. Et Huppert est tout simplement impériale. Tout a été dit sur Elle, il va sûrement faire une razzia aux prochains Césars, et c’est bien mérité, mais pas mon meilleur film français de l’année, mais on y vient.


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6 – Zootopia (Zootopie) de Byron Howard et Rich Moore

Ce n’est un secret pour personne : Disney est bel et bien back dans lec bacs. Depuis le succès intergalactique de La Reine des Neiges (et l’arrivée de John Lasseter en tant que big boss surtout), la firme aux grandes oreilles enchaîne les réussites, qu’elles soient majeures ou un peu plus mineures (comme le dernier en date, Vaiana). Zootopie ne déroge pas à la règle et se place comme un des ses classiques contemporains, indéniablement.

La raison ? Tout simplement, Disney a réussi à orchestrer un film d’animation tonique, à l’univers parfaitement imposé, de très belle facture, et surtout ludique, car là est la très grande force du film : un scénario ressemblant de près comme de loin à un thriller. Oui, un thriller pour gosses. Croiser le canevas scénaristique d’un style très adulte a un film pour enfants (mais pas que, n’oublions pas que le cinéma d’animation n’est pas réservé aux marmots), c’est un pari à part entière que Zootopie réussit amplement. Ajoutons à cela un univers coloré et une mise en scène plus qu’efficace, et le tour est joué.


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5 – Grave de Julia Ducournau

Alors là, on tombe sur un cas à part : si vous connaissez un tant soit peu le milieu du cinéma, vous avez pour sûr entendu parler de Grave, premier film de sa réalisatrice, Julia Ducournau. Depuis sa présentation en Mai dernier à la Semaine de la Critique à Cannes, la hype ne cesse d’enfler sur cette histoire de végétarienne qui tutoie le cannibalisme suite à un bizutage, avec de nombreux prix déja glanés, notamment au FEFFS (ou j’ai vu le film), ou il a eu le grand prix et le prix du public, au PIFFF ou encore au Festival de Sitges. Et c’est pas fini, vu qu’il sera aussi présenté à Toronto et Gérardmer et qu’il bénéficie d’une certaine hype aussi aux USA, où il sortira quasi en même temps qu’en France. Car voilà pourquoi c’est un cas à part (mais ça, je vous ai déja prévenu), c’est qu’il n’est pas encore sorti, il vous faudra attendre le 15 Mars 2017 pour le voir sur tous les écrans.

Du coup j’en parlerai plus lors de la sortie du film mais je peux déja vous encourager de noter cette date dans le calendrier. Ducournau réussit à tirer un trait d’union entre cinéma de genre et d’auteur, entre Cannibal Holocaust et Virgin Suicides. Un ton du coup très rafraîchissant dans le cinéma FR, à l’humour noir ultra-accrocheur, porté par une mise en scène efficace, aux nombreuses scènes marquantes, et un casting parfait, mené par trois jeunes comédiens prometteurs : Garance Marillier, Elia Rumpf et surtout Rabah Naït Oufella, qui, aidé par des dialogues géniaux, crève littéralement l’écran. Rendez-vous le 15 Mars du coup.


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4 – Busanhaeng (Dernier Train pour Busan) de Yeon Sang-Ho

Z’en avez marre des zombies ? Eh bien moi aussi. Un peu. En fait j’aime bien, mais le mythe du zombie a été tellement utilisé qu’on ne sait plus quoi en faire. Le renouveau vient donc du pays du matin calme. Tendu comme un string, jouissif, spectaculaire, le premier film live du réalisateur d’animation Yeon Sang-Ho est un véritable roller coaster d’émotions confinant en un final proprement déchirant (les rageux diront cucul la praline).

Peut-être bien que certains personnages sont grossièrement déssinés mais le film réussit à transcender leurs caractères en l’assumant complètement. Sang-Ho réussit surtout à orchestrer un huis-clos spectaculaire, ce qui sonne presque comme un oxymore, grâce aussi à de nombreux moments de bravoure et de scènes qui restent en tête longtemps et à une mise en scène tendue, efficace et lisible. C’est peut-être la plus forte jouissance de spectateur perso de l’année (oui, avec Miruthan, mais c’est pas pareil) Busanhaeng est aussi un peu la cerise sur le gâteau d’une année faste pour le cinéma coréen, entre ce dernier, The Strangers, Mademoiselle (que je n’ai pas encore vu, déso les potos) et le meséstimé Man on High Heels.

Ceci dit, je ne conseille pas à proprement parler le pendant animé de Busanhaeng, intitulé Seoul Station, qui en est quelque sorte le négatif (dans tous les sens du terme). Vous pouvez vous en passer.

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3 – I, Daniel Blake (Moi, Daniel Blake) de Ken Loach

Bon celui-là je vais pas vous faire l’affront de vous refaire une critique dessus, j’ai déja dit dans ce blog tout le bien que je pensais de la Palme d’Or cuvée 2016. Mais voilà, Moi, Daniel Blake est un des grands films de l’année tout simplement, principalement grâce à son décalage entre son fond et sa forme. Mais pour le reste, je préfère vous diriger vers ma critique => ICI CLIQUE C’EST GENIAL. De rien, c’est cadeau.


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2 – Divines de Houda Benyamina

Tout et son contraire a déja été dit sur Divines. Surtout des conneries, en fait. Mais RAF, ce genre de choses a surtout été dit par des gars sur YouTube et Twitter qui se croient « cinéphiles » mais qui vont surtout voir des trucs informes, et qui vont tous mettre Deadpool en tant que meilleur film de l’année (‘psk c téllment antisystem lol’). J’ai entendu sur Divines que c’était un film vulgaire, détestable, mal branlé, avec une fin de mauvais goût tout ça tout ça. Après tout, y’a bien aussi des abrutis qui disent que PNL c’est qu’un tas difforme d’onomatopées et de paroles vides de sens sur des boucles informes. Et si je parle de PNL c’est PAS DU TOUT anodin par rapport au film. QLF.

Pourtant, pourtant, pourtant… Divines est peut-être le film français le plus pur, le plus organique et le plus vrai de cette année, tout en n’oubliant jamais de faire du cinéma. Loin, très loin de Céline Sciamma et de sa Bande de Filles condescendante, Benyamina témoigne dans son scénario puissant et romanesque, aux nombreux retournements de situations surprenants, d’un véritable amour pour ses personnages, avec une envie de bouffer l’écran proprement pregnante. Même dans ses moments quelque peu ridicules, le film assume à 100%, sans s’excuser, en restant droit comme un I, les pieds bien vissés sur la terre. Un film tellurique en quelque sorte. Quand à cette fin soi-disant de mauvais goût, elle est, déja : la finalité d’un crescendo admirablement orchestré par un montage stupéfiant, mais surtout un témoignage empli de vérité d’une banlieue qui crame depuis 10 ans et qui résonne funestement avec le tragique destin de Zyed et Bouna. Mais visiblement, dans cet état policier qu’est le nôtre, cela semble déranger…

Et puis le film repose sur les épaules de deux comédiennes dont on va beaucoup parler dans les prochains mois : Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena. Ces deux-là sont proprement excellentes, avec bien sûr un avantage pour Amamra, qui peut autant nous faire rire pendant la grosse moitié du film que nous déchirer le coeur à la fin du film.
Début Février, si cette jeune fille ne reçoit pas de César, va falloir vraiment se poser des questions. Par ailleurs, bravo à l’académie des Césars de ne même pas avoir pré-sélectionné Déborah Lukumuena pour les meilleurs espoirs, ce qui sonne proprement comme un non-sens…

Je peux vous le dire, je suis vraiment content de voir le film nommé aux Golden Globes. Parce que la France, c’est aussi ça. C’est une certaine population, multiculturelle, trop longtemps négligée et/ou crainte par les politiques, inexistante pour la plupart des français et à qui on a toujours interdit de rêver grand. Divines rêve grand.
Et c’est putain de rafraîchissant.


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1 – Tenemos la Carne (We are the Flesh) de Emiliano Rocha Minter

Le voilà, MON grand champion de l’année. Et pout tout vous dire, je suis quelque peu emmerdé de vous en parler. En effet, comme Grave, voilà un film qui n’est pas sorti au cinéma mais que j’ai vu au FEFFS. En plus c’est un film que je n’ai pas trop envie de spoiler, qui dure 1h19 qui plus est, donc situons déja l’objet qu’est Tenemos la Carne

Premier film d’Emiliano Rocha Minter, jeune mexicain de 26 ans, Tenemos la Carne bénéficie déja d’un buzz plutôt flatteur, aidé par des soutiens de poids : Alfonso Cuaròn, Alejandro Gonzàlez Iñarritu, Carlos Reygadas, soit la crème du cinéma mexicain. Ce film raconte l’histoire d’un frère et d’une soeur qui, dans un Mexique post-apo, trouvent un endroit habité par un ermite, à qui ils vont demander abri et nourriture. Il accepte, mais à condition que les jeunes lui rendent un service en retour…

Voilà. Je n’en dirai pas plus sur ce qu’il se passe dans le film. Après, vous pouvez aller voir le trailer du film (qui m’avait déja pas mal hypé à l’époque), mais je n’ai pas envie que vous vous priviez de l’experience totale que constitue ce film. Sachez juste que vous allez voir des choses que vous n’avez pas forcément envie de voir. Voilà, il faut bien s’accrocher avant d’aller le voir. Vous en ressortirez groggy, avec la tête à l’envers, l’estomac dans les pantalons, comme vous aviez fait un beau cauchemar. Mais l’experience en vaut la peine, à n’en point douter. Rocha Minter exécute ici un film certes bardé d’influences clairement visibles (pêle-mêle Noé, Jodorowsky, Pasolini entre autres, mais surtout Noé), mais transcendées par une mise en scène organique mais stylisée, permettant au spectateur de s’immerger complètement dans l’intrigue. La photo et le design sonore vont dans le même sens, lui conférent une ambiance absolument délétère. Citons par ailleurs Yollotl Alvarado et Esteban Aldrete, respectivement à la photo et à la musique, a qui l’on doit une partie de la réussite du film.

Pendant ce dernier, on peut se dire qu’il en faut des bollocks pour produire et réaliser un film comme ça. Mais il en faut encore plus pour jouer dedans. Et là aussi est une des grandes forces du film : ses trois comédiens. Diego Gamaliel et Marìa Evoli campent un frère et une soeur de façon admirable (et quand on voit le côté physique des rôles, OUI il en faut des cojones pour jouer ces rôles là), mais ici c’est Noé Hernandez qui crève l’écran. Véritable boogeyman à visage découvert, gourou tenteur mais dangereux, son visage s’imprimera directement et durablement sur votre rétine. Ah, et pour revenir sur Marìa Evoli, je crois que je suis tombé amoureux.

Le film contient aussi un sous-texte politique, développé grâce à un twist en fin de film. Et qu’il est gratifiant de voir un message de ce genre jamais explicite, jamais servi sur un plateau d’argent, et qui fait confiance à l’intelligence du spectateur. En tout cas c’est un message qui fait causer, experience vécue avec un ami ayant vu le film avec moi.

Enfin bref je ne peux que vous conseiller Tenemos la Carne, c’est un trip cauchemardesque proprement mémorable, qui va sûrement vous marquer ou vous déranger, mais l’experience en vaut la peine. Parce que oui, le film sortira en France, mais en DVD, normalement durant le premier semestre 2017, chez Blaq Out. Edition vidéo qui fait des DVD très soignés, ce qui fait envie. Yum.

Enfin bref voilà pour mon top 10. Merci à vous de l’avoir lu et d’avoir tenu jusque là.
En tout cas, j’ai pris pas mal de temps à écrire tout ça.
Pas de chanson qui va bien cette fois-ci, mais un hommage à George Michael.
RIP Georgie, je continuerai à chanter tes charmantes mélopées.
À plus, on se voit en 2017.

Chemin de Croix

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Je l’ai déja dit ici, faire un premier film en France c’est assez dur. Mais dans ce système en vase clos, il y a bien pire : faire un film de genre. Par « film de genre » je ne veux pas dire film d’horreur hein. Beaucoup de gens ont fait ce raccourci quelque peu rapide dans les années 2000, pourtant c’est seulement l’arbre qui cache la forêt. Le gros problème, c’est nous sommes beaucoup en France à vouloir un cinéma de genre crédible, qui en jette, sans forcément s’appeller Christophe Gans. Mais voilà, quand on s’appelle pas Christophe Gans, le public se dit « Dante 01 ? C’est quoi ça ? C’est français ? Beurk, on va plutôt aller voir le dernier Ridley Scott, là au moins on en a pour notre argent ». Seulement, c’est comme ça qu’on tue petit à petit une certaine idée du cinéma de genre français. Parce que oui, d’accord, Dante 01 c’était pas bien, mais si au moins on ne supporte pas au moins ce genre de film, on ne va pas beaucoup faire avancer le schmilblick.

Des projets de genre en France, je pense que ce n’est pas ça qui manque. Mais déja, il faut que ce projet intéresse des producteurs. Ce qui est déja peine perdue, entre prods spécialisées films populaires (souvent comédies par ailleurs) et prods spécialisées cinéma d’auteur. Les premières aimeraient bien en produire, mais bon, les dernières tentatives ont été des échecs cuisants, alors pourquoi perdre de l’argent inutilement ? Quand aux deuxièmes, c’est bien simple : pour eux c’est caca, c’est sale, c’est pas du vrai cinéma, nous on préfère Abdellatif Kechiche. L' »exception culturelle française » en somme. Alors il a bien existé des prods spécialisées, mais le constat est sans appel : soit elles ont mis la clef sous la porte, soit elles ont effectuées des retournements de veste assez brutaux (coucou Eskwad).

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Si on trouve un producteur, on a déja fait la moitié du chemin. C’est qu’après il faut trouver le financement, et là aussi c’est dur : certes il est toujours possible d’en trouver, mais ca s’arrête à Canal+ (qui de toute façon finance 99% du cinéma français), banques et régions. Mais pour ce qui est des chaînes télé et de la CNC, faut vraiment pas rêver. Les chaînes télé (qui est presque le premier financier du cinéma français) ne comptent pas sur toi parce qu’un film de genre français ne fera jamais un gros chiffre à l’audimat, tandis que pour le CNC c’est pas du vrai cinéma, y’a que les gogols qui vont aller voir ça. Nous on préfère Christophe Honoré. Au final, c’est exactement la même chanson : trop obscur pour les uns, trop populaire pour les autres.

Et pourtant, et pourtant… le cinéma de genre français a pourtant quelques atours dans sa besace. Déja, les acteurs qui ont les bollocks de jouer dedans s’y plaisent souvent. Et puis surtout, le public étranger en raffole. C’est un phénomène qui a été observé assez souvent, les films de genre français sont souvent ceux qui s’exportent le mieux, et il fut même une époque ou ils furent accueillis sous les hourras à Toronto par exemple. Comme quoi, en France, le public a la même ouverture d’esprit que l’industrie de son cinéma.

Alors parfois il y a des tentatives qui réussissent à émerger. C’est rare, et quand la tentative est un peu réussie, je trouve qu’il est important de les soutenir, encore plus quand les instigateurs de la dite tentative refusent de se résigner à servir la même soupe. Ca tombe bien, c’est le cas d’Arès.

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Vous vous souvenez de Vilaine ? Mais oui, rappellez-vous, ce film où Marilou Berry décide d’arrêter d’être gentille et fout le boxon partout autour d’elle. Ce n’était certes pas génial, mais le film a eu son petit succès. À l’époque, deux suites étaient même prévues : Super Vilaine et Super Méga Vilaine, le tout produit par Thomas Langmann. Mouais. Deux projets tombés dans les limbes depuis, mais ses deux instigateurs, Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit, ont eu de la ressource pour ne pas rester dans l’ombre de ce dernier. Déja en co-écrivant la série Kaboul Kitchen, puis surtout, en écrivant pour le cinéma un film de SF. Plutôt original en France en venant d’une comédie à succès !

Pour commencer, rien que cette intention rend le film très sympathique à mon égard. Mais le film, qu’en est-il ? Eh bien, sans être un grand chef d’oeuvre, il reste une des meilleures tentatives françaises de SF à mon goût. Déja pour une raison simple : sachant que le film allait être compliqué à monter d’un point de vue logistique, Jean-Patrick Benes (ici seul à la réal, et à qui on doit le scénar de Quatre Garçons pleins d’Avenir par ailleurs, soit MON film culte, le seul dont je connais les répliques par coeur) a eu l’intelligence de ne pas trop en faire, de ne pas trop pousser loin le côté anticipation niveau décors (l’affiche est quelque peu mensongère, attention). De ce fait, l’univers dépeint dans le film est plutôt crédible et fonctionne bien tout au long dudit film.

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L’autre raison de la réussite du film, c’est son humilité. Voyez, la SF en France, c’est un peu compliqué. SF veut dire Rencontres du Troisième Type, 2001 : l’Odyssée de l’Espace, Blade Runner entre autres. Donc du gros quoi. Et souvent, les réalisateurs français qui essaient la science-fiction, on ne sait pourquoi, essaient trop souvent de s’élever à hauteur de ces monuments avec des films bavards, auteurisants, soi-disant philosophiques. Arès fait du bien, car il tranche net avec ces derniers, en proposant une version beaucoup plus musclée, organique, mais néanmoins grand public de la science-fiction. Bon point encore une fois.

Je disais plus haut que les acteurs, dans les films de genre français, s’y plaisaient plutôt bien. C’est la que je viens au casting de Arès, qui paraît plutôt pas à sa place, parce que labellisé « film d’auteur français » : Helène Fillières, Micha Lescot, Thierry Hancisse, Louis-Do de Lencquesaing entre autres. Eh bien pourtant le casting est une des grandes forces du film, parce que très impliqué; on retiendra principalement Hélène Fillières, parfaite en flic au look androgyne et qui pète la classe, et surtout Micha Lescot, aidé il est vrai par un personnage très bien développé au fil du film. Quand au suédois Ola Rapace, il campe le personnage principal de façon plus qu’honorable; charismatique, musculeux, viril mais presque invulnérable quand dépassé par les évènements.

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Bien sûr le film ne manque pas de défauts; le design sonore par exemple. Certes, Alex Cortes signe une partition musicale efficace mais beaucoup trop présente, je ne pense pas qu’il existe un moment sans musique dans le film. On pourra aussi un peu regretter que Jean-Patrick Benes n’aille pas plus loin. Mais au final, je pense que préfère un film qui n’en fasse pas trop mais reste efficace, terre à terre et humble à un autre trop ambitieux mais cheap. La durée d’1h20 va dans ce sens, ne pas en faire trop et rester efficace.

C’est pour toutes ces raisons que je ne peux que vous conseiller d’aller voir, ou du moins de défendre Arès. Ce n’est pas un chef d’oeuvre, loin s’en faut, il y a quelques faiblesses, mais il défend son postulat de fort belle manière et reste plutôt constant. Ce genre de tentatives SF en France méritent d’être supportées, encore plus quand elles sont consistent un divertissement aussi efficace.

Malheureusement, vous avez peu de chances d’aller le voir. Pourquoi ? Parce que le film est sorti il y a maintenant deux semaines, que pas grand monde est allé le voir, et que la Gaumont, qui l’a coproduit et le distribue, l’a sorti dans peu de salles dans l’hexagone, après être resté dans leurs cartons pendant un certain temps, ayant été tourné en 2014.
Comme quoi, certaines choses ne changent pas.

Note : 6/10

Titre original : Arès | Réalisation : Jean-Patrick Benes | Avec : Ola Rapace, Micha Lescot, Thierry Hancisse, Hélène Fillières, Ruth Vega Fernandez, Eva Lallier, Louis-Do De Lencquesaing, Elina Solomon, Yvon Martin, Pierre Perrier, Emilie Gavois-Kahn, Jo Prestia… | Scénario : Jean-Patrick Benes et Allan Mauduit, avec la collaboration de Benjamin Dupas | Producteurs : Matthieu Tarot, Sidonie Dumas | Musique : Alex Cortes | Image : Jérôme Alméras | Décors : Jérémy Streliski | Montage : Vincent Tabaillon | Son : Nicolas Waschkowski, Emmanuel Augeard, Adrien Arnaud, Jean-Paul Hurier | Costumes :Pierre Canitrot | Production : Albertine Productions, Gaumont, CinéFrance | Distribution salles : Gaumont | Durée : 80 minutes | Sortie : 23 Novembre 2016

LA CHANSON QUI VA BIEN

Alors aujourd’hui je suis content, parce que la chanson c’est un morceau que j’adore et qui est en plus dans le film (dans une version cover certes, mais quand même), c’est Mad World de Tears for Fears.

À sseplu les petits QLF, on se voit tout bientôt pour mon top 10 de 2016.
Parce que je sais pas si vous avez remarqué, mais on est bientôt en 2017.

[CRITIQUE VIDEO] Vaiana : La Légende du Bout du Monde

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Salut tout le monde.

Oui je sais je poste pas grand chose, oui je sais. Mais quand j’écris pas de trucs sur le ciné, je parle ciné. Souvent. Très souvent. Et ces derniers temps, il m’arrive qu’on me filme parler ciné. Du coup, comme aujourd’hui j’ai ENCORE la flemme d’écrire, voici une critique vidéo pour la première fois sur le blog ! Du coup c’est pour vous l’occase de voir ma trogne aussi.

Le film dont je parle dans la vidéo, c’est Vaiana : La Légende du Bout du Monde de John Musker et Ron Clements, aka le nouveau Disney. Réussi ou pas ? Vous le saurez en regardant la vidéo juste en bas (merci au poto Lucas) :

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LA CHANSON QUI VA BIEN

Eh bien pour le coup la chanson va être une chance de faire une petite pub pour ce dernier, qui fait de la synthwave sous le nom de Philip Pentacle. Ooooohhh CLIQUE !

Allez, à plus.
Je parlerai tout bientôt de Arès, de Jean-Patrick Benes, parce qu’il y a pas mal de choses à dire.

Le Viteuf 3 : L’Invitation, Tu ne Tueras Point, Les Têtes de l’Emploi, Un Jour Avec, Un Jour Sans

Salut les campeurs et haut les coeurs, il fait froid, il fait nuit à 17h, mais c’est cool, c’est l’heure d’un nouveau Viteuf.
Oui, je sais, j’ai rien posté depuis Mathusalem mais oui j’en ai vu des films… Attendez. Ah oui ca je l’ai déja dit mais encore une fois c’est vrai. À croire que j’ai déja déçu tout ceux qui attendaient les fameux deux articles par semaine (si si, je vous vois, tout là-bas). C’est que c’est dur de trouver l’inspiration parfois. En tout cas, je ne suis pas mort, et je vais vous parler de trois films, que j’ai tous vraiment bien aimé, avec entre autres une séance de rattrapage.
Ah et au fait. NON, vous ne trouverez pas ici de critique des Animaux Fantastiques. Déja parce que je m’en branle franchement, et de toute façon je n’irai pas le voir. Voilà ça c’est fait, comme ça vous êtes prévenu.e.s.

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L’Invitation de Michaël Cohen

Il y a des films, comme ça, ils n’arrivent pas avec grand chose pour eux. Par exemple, celui-ci : L’Invitation, deuxième film du comédien Michaël Cohen après Ca commence par la Fin (2010), est sorti en catimini, sans vraie promotion, et a déja sûrement dégagé de la plupart des salles où il était proposé (en tout cas, dans le cinéma où je l’ai vu, il a tenu une semaine). Par exemple, au moment où j’écris ceci, même à Paris, il ne passe que dans un seul cinéma, au rythme de deux séances par jour.

Et pourtant, il serait dommage de ne pas se priver de ce film tant qu’il est encore au cinéma parce que c’est vraiment une jolie surprise. Adaptation de la bande-déssinée éponyme de Jim et Dominique Mermoux, Cohen et Nicolas Bedos partagent l’affiche avec un vrai plaisir, les deux hommes sont amis dans la vie et cela se sent et le scénario est simple mais assez juste et très bien dialogué, ajoutant au film une pâtine que ne renierait pas Judd Apatow. De plus, fait assez remarquable dans le cinéma français, le film est assez bien photographié par Jean-Christophe Beauvallet. Le casting aussi est au diapason, principalement Gustave Kervern et Camille Chamoux (que j’aime toujours voir, bon OK je manque de subjectivité). L’Invitation ne manque pas de menus défauts, mais il reste un plutôt bon moment.

Note : 6,5/10

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Tu ne Tueras Point de Mel Gibson

Gibson est un sombre connard. Alors oui, vu comme ça, c’est assez lapidaire. Néanmoins… Sexiste, raciste, homophobe, violent, antisémite, xénophobe… Sa carte de visite est en ce moment assez lourde à porter. Néanmoins, il faut le dire, il reste un des 10 meilleurs metteurs en scène à l’heure actuelle. Ceci dit, le carton critique de Tu ne Tueras Point (on notera pour une fois un titre français pas trop pourri, saluons l’audace) au Festival de Venise en Septembre peut prêter à rire, étant donné que d’autres, dont moi, savaient déja que Mel est un grand metteur en scène. Bah oui, Apocalypto, ca fait genre 10 ans qu’il est sorti.

Tu ne Tueras Point aura être un chouïa binaire dans sa construction scénaristique, mais il serait dommageable de rater ce film. La première partie, assez académique, nous plonge dans l’intrigue de façon très efficace pour mieux nous préparer à la deuxième partie, où l’on nous met la tête dans la merde, dans l’atrocité de la guerre avec force détails gorasses, mais le tout, encore une fois, avec une mise en scène et un montage à la seconde près, mais qui nous laisse, pourtant, assez de libre arbitre pour nous positionner sur ce que Mel nous montre. Son regard sur la guerre est en même temps fasciné et éffrayé, du coup c’est au spectateur de faire le tri quelque part, mais toujours accompagné par ce côté viscéral et épique qui est un peu la marque de Mel Gibson en tant que metteur en scène. On regrettera le côté christique plutôt appuyé (qui est une des autres marques de fabrique de Gibson), mais au final, la puissance des 40 dernières minutes devraient finir de vous achever.

Note : 7/10

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Les Têtes de l’Emploi de Alexandre Charlot & Franck Magnier

BON. Autant le dire tout de go, je parle de ce film pour une seule raison. Voyez-vous, depuis que je tiens ce blog, je n’ai jamais pu encore dézinguer de film. Ca défoule, ca stimule, ce genre de choses-là. Heureusement, c’est là que j’ai vu ces Têtes de l’Emploi.

Troisième film de Charlot et Magnier après Imogène McCarthery (des barres) et Boule & Bill (xptdr), il réussissent à faire pire que la pire des comédies de l’année, que fut C’est Quoi cette Famille de Gabriel Julien-Laferrière (et pourtant j’en fais encore des cauchemars). Moche, mal branlé, interprété par des acteurs en roue libre, cette « comédie » dispose de tous les oripeaux des comédies françaises grand public typiques. Mais en plus il se paie le luxe d’être absolument détestable. On sent une telle haine de la classe populaire, des pauvres, des chômeurs, et allons plus loin, des handicapés, des noirs ou encore des travestis. Parce que bon, ces gens ils sont pas comme nous hein. Et les chômeurs ce sont forcément des assistés, qui attendent leur RSA pour se payer leur rack de 8-6 hein. Enfin bref : arrogant, suffisant, raciste, homophobe… n’en jetez plus, la coupe est pleine.
Et j’imagine déja la défense des auteurs de ce truc : « rooooh ca va, c’est de l’humour noir ». NON. Non, non, non, c’est juste dégueulasse et inapproprié. La honte internationale.

Note : 1/10 (et encore, c’est cher payé)

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Séance de Rattrapage :
Un Jour Avec, Un Jour Sans
de Hong-Sang Soo

Alors cette critique est un peu hors-sujet. Parce ce que film est sorti en Février dernier, et bah… on est en Novembre. Mais, si vous habitez à Strasbourg, sachez qu’il y a en ce moment la quinzaine du cinéma coréen au cinéma L’Odyssée, avec entre autres Dernier Train pour Busan (dont je parlerai lors du mon top 10 le mois prochain), Man on High Heels (que je ne peux que vous encourager de voir), et donc ce film de Hong Sang-Soo, le premier que je vois de ce réalisateur.

Autant dire que c’est un film qui reste. Je l’ai vu hier, et j’y pense encore. Son dispositif (une histoire racontée de deux façons différentes) marche tout du long des deux heures du film, et raconte quelque chose de très juste, fin et nuancé des relations amoureuses et/ou amicales, et aussi des êtres humains. Les acteurs sont exceptionnels par ailleurs, la mise en scène pourtant statique réussit à chaque coup à être très juste et le film fait cogiter longtemps après la projection. Je n’ai pas trop envie de disserter longtemps, mais je vous conseille vraiment de le voir, d’autant plus qu’il est sorti il n’y a pas longtemps en DVD.

Note : 8/10

LA MUSIQUE QUI VA BIEN

Aujourd’hui, la musique qui va bien va me permettre de parler très vite fait d’un autre film, Tour de France, de Rachid Djaïdani. Film assez étrange, assez lénifiant, au message assez neuneu avec des fulgurances stylistiques, qui au final réussit à accepter sa naïveté pour mieux la transcender.
Bref, dans le film, Depardieu fait du rap. La scène est assez gênante. Mais elle n’est pas aussi gênante que la vidéo que je vous mets plus bas, qui est un rap de Antoine Duléry, dans l’oubliable Magique. De rien, c’est cadeau.

Allez, à plus les potos, promis je reviens bientôt.

Rester Digne

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Les festivals de cinéma, c’est toujours une ambiance un peu spéciale. On regarde des films toute la journée, on passe des heures et des heures devant les grands écrans (enfin… quand on a l’habitude cela ne change pas grand chose mais bon), à la fin on ne sait même plus ce qu’on vient de regarder et on peut un peu s’emmêler les pinceaux, du genre ‘le nouveau Xavier Dolan avec Dubosc c’est vachement cool ». Enfin, pas non plus des extrêmes de ce genre, on se comprend hein. Et puis alors, quand la compétition entre en compte, cela pimente encore un peu plus les choses

C’est un peu ce que j’ai vécu, en Septembre, au très bon Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg. C’est que j’en ai vu, du film : du très bon, du bon, du moyen, du average, et du mauvais. En tout, une vingtaine de séances pendant 15 jours. Et encore, par rapport à quelques potes, j’étais petit joueur. Big Up à Valentin, Olivier ou Joël par ailleurs.
Ceci dit, après 15 jours de cinéma quasi-nonstop, pour sortir du lot, il faut toujours un truc en plus. Toujours au FEFFS, ce fut le cas de We are the Flesh, Grave, Miruthan, Another Evil ou The Greasy Strangler. J’en parlerai un jour ici, mais pas maintenant.
En tout cas, au FEFFS, dans la masse de films que l’on regarde, très peu sortent du lot.
Alors imaginez un peu la même chose au Festival de Cannes, qui est genre 10 fois plus gros ?

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Le film dont je vais parler a gagné la Palme d’Or dans ce dernier Festival. Si, si, regardez sur l’affiche, c’est marqué en gros. Aaaahh, la Palme. Prix décerné au meilleur film de la compétition pour ceux qui ne sauraient pas (enfin si, je pense que vous savez). Et, depuis quelques années, prix est très souvent décrié. Le point culminant en cela fut le Dheepan de Audiard, qui en effet n’etait pas top. Et, évidemment, Moi, Daniel Blake n’a pas dérogé à la règle, d’autant plus que Ken Loach est déja venu à Cannes plein de fois (dont peut-être plusieurs fois juste pour des vacances, qui sait).

Mélo tire-larmes pour uns, « petit » Loach pour d’autres, très bon film pour encore d’autres, on ne peut pas dire qu’il y ait eu de consensus pour ce film. Néanmoins, le jugement du jury ne sera pas le même que celui des critiques. Qui, lui-même, ne sera pas celui des festivaliers, à ceci-près que Toni Erdmann avait crée, lui, un certain consensus entre critiques et festivaliers. Personnellement, du moins jusqu’a maintenant, j’en étais resté à l’épatant Elle de Verhoeven. Pourquoi « du moins jusqu’a maintenant » ? Tout simplement parce que à la place de George Miller, eh bien… j’aurais fait la même.

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Il y a des films, comme ça, qui dépasse le cadre du simple cinéma. C’est un peu le crédo de Loach depuis longtemps en même temps, intimer l’insurrection citoyenne du spectateur. Mais voilà, comme tous les metteurs en scène avec une marque reconnaissable, il a fait de bons films et d’autres plus moyens. Quelques petites récréations aussi, comme Looking for Eric ou La Part des Anges. Mais voilà, en plus, je dois avouer que je ne suis pas très fan de son cinéma, un peu trop plan-plan à mon goût.

Mais assez parlé de Loach, parlons aussi un peu de Paul Laverty. Qui qui c’est, Laverty ? C’est le scénariste officiel de Loach depuis Carla’s Song il y a maintenant 20 ans. Voilà un duo qui dépasse le cadre de la simple collaboration, c’est presque un duo de réalisateurs, qui font un film comme le cerveau droit et le cerveau gauche. Parfois, j’ai même l’impression qu’ils font leurs films par télépathie. Et autant dire que Moi, Daniel Blake, puisque j’y viens enfin, est, à mon sens, le pinnacle de leur collaboration.

Parce que la grande force du film est, bizarrement, la grosse différence entre le scénario et la mise en scène. Loach a toujours eu une mise en scène simple, efficace et assez discrète. Daniel Blake ne déroge pas à la règle, mais pour le coup, Laverty à pété un boulard. Il nous dépeint ici une violence sociale proprement flagrante envers ceux qui ne rentrent pas dans une case (ici un charpentier de 59 ans au chômage qui refuse le modernisme et une jeune mère célibataire), mais par rapport à ses précédents scénarios, il n’a jamais autant écrit avec une rage, une envie pareille de raconter une histoire. Les personnages n’ont jamais sonné aussi vrais, aussi justes, et la société n’a jamais sonné aussi fausse, aussi injuste.

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Ce scénario très violent envers des personnages très humains, couplées à la mise en scène discrète de Loach, avec toujours cet air de ne jamais y toucher, confère à Daniel Blake l’impression de boule nerveuse prête à exploser à tout moment. Ils sont aidés, il est vrai, par deux excellents acteurs. Tout d’abord, Dave Johns, stand-upper star en Angleterre, dont c’est ici le premier rôle au cinéma. Il ne joue pas Daniel Blake, il EST Daniel Blake. Rien ne sonne faux, sa présence avec force bonhomie et son humour face à ce monde de plus en plus absurde (oui, parce que c’est parfois assez drôle) nous met très vite en empathie avec lui.

Mais la grande révélation du film, c’est Hayley Squires dans le rôle de Katie. Sa prestation est proprement bouleversante. C’est un personnage fort, qui peut être parfois grande-gueule, mais qui, comme le scénario et comme Daniel, sent que intérieurement, déclassée de la population par un état de plus en plus économiquement ségrégationniste, ne va pas tarder à craquer. La grande scène du film (de nombreuses fois évoquée ici et là), où elle craque justement, nous fait littéralement fondre. La fin de la scène, encore plus.

Je disais plus haut que Loach et Laverty devaient sûrement faire leurs films en télépathie. Pour être plus clair, je dirais qu’un film où un réalisateur aime autant ses personnages alors qu’il n’en est pas l’auteur doit avoir quelque chose à faire avec la télépathie, justement. Et la direction d’acteurs va dans ce sens. Loach aime ses personnages, aime ses acteurs, et cela fait vraiment du bien.

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Vous allez me dire que dans une situation mondiale aussi difficile, on n’a pas besoin de nous saquer encore plus le moral, que non, on n’a pas envie de voir ce genre de choses au cinéma. Et pourtant… ! Aujourd’hui plus qu’auparavant il faut nous montrer qu’il existe encore des personnes qui donnent sans demander de recevoir, juste parce que c’est du bon sens. C’est un film triste (d’autant plus que la fin du film est vraiment déchirante), mais quelque part, fait du bien.

Les rageux diront tire-larmes, mélo, et tout et tout. Je dirais plutôt humaniste.
Certains veulent rester vivant, être toujours debout,
Loach et Laverty veulent rester Dignes.

Note : 9/10

Titre original : I, Daniel Blake | Réalisation : Ken Loach | Avec : Dave Johns, Hayley Squires, Dylan McKiernan, Briana Shann, Sharon Percy, John Sumner, Mark Burns, Micky McGregor, Kate Rutter… | Scénario : Paul Laverty | Productrice : Rebecca O’Brien | Musique : George Fenton | Image : Robbie Ryan | Décors : Fergus Clegg, Linda Wilson | Montage : Jonathan Morris | Son : Ray Beckett, Kevin Brazier | Costumes : Joanne Slater | Production : Sixteen Films, Why Not Production, Wild Bunch, BFI, BBC Films, Les Films du Fleuve, France 2 Cinéma | Distribution salles : Le Pacte | Durée : 97 minutes | Sortie : 26 Octobre 2016

LA CHANSON QUI VA BIEN

Pour la chanson qui va bien, je choisis un peu au hasard un morceau que j’aime bien. Allez hop, ni vu ni connu, Aquelas Todas Coisas de Brad Mehldau.

Salut les copains, en espérant que je mette moins longtemps à écrire un truc.

Le Viteuf #2 : Apnée, Brice 3

Salut les campeurs et haut les coeurs, il fait froid, il fait nuit à 17h, mais c’est cool, c’est l’heure d’un nouveau Viteuf.
Oui, je sais, j’ai rien posté depuis Mathusalem mais oui j’en ai vu des films ! Dans le lot, j’en ai vu trois dont je vais parler ici. L’occasion de parler un peu de deux films, très différents mais qui sont des comédies françaises. Oui, parce que il n’y a pas que La Folle Histoire de Max et Léon au cinéma.

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Apnée de Jean-Christophe Meurisse

Vous connaissez Les Chiens de Navarre ? Moi non plus, au départ. Jusqu’a la présentation de Apnée à la Semaine de la Critique à Cannes en tout cas. Pour résumer, les Chiens de Navarre, crées en 2005 par Jean-Christophe Meurisse, c’est une troupe de théâtre. Punk, le théâtre, à base de happenings foutraques, d’improvisations dadaïstes à base de sang de cochon ou d’improvisations extrêmes. Pour vous donner une idée de leur ton, leurs pièces sont intitulées Les danseurs ont apprécié la qualité du parquet, Une Raclette ou encore Pousse ton coude dans l’axe. Après le moyen-métrage Il est des Nôtres en 2013, Apnée est leur deuxième création cinématographique ainsi que leur premier long.

Peut-être justement auraient-ils du rester au moyen… C’est qu’il y a un peu à boire et à manger dans Apnée. Le début est assez hilarant (notamment une scène de préparation à l’entretien d’embauche particulièrement tordante), le trio Scimeca-Fuhrer-Tual est au taquet, les bonnes répliques fusent mais à partir d’une heure le rythme s’enlise. Toutes les scènes paraissent trop longues, la faute, principalement, à une trame scénaristique trop faible si ce n’est quasi-inexistante. Heureusement, par ailleurs, que le film ne fasse que 1h20 parce que même comme ça c’est limite. Il en reste une expérimentation intéréssante mais pas entièrement réussie.

Note : 4/10


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Brice 3 de James Huth

2005. J’ai 14 ans et je vais voir Brice de Nice, un samedi après-midi au Pathé Grand Ciel à Toulon (qui a fermé l’année dernière, tiens). J’adore le film, je suis en plein dans la vague jaune. Jean Dujardin est un jeune acteur qui monte, qui commence à percer dans le cinéma. Avec celui-ci, il va exploser grâce à ses 4 millions de spectateurs.
2016. J’ai 25 ans et je vais voir Brice 3 (il a cassé le deux, ha ha ha), un lundi soir au UGC Ciné Cité à Strasbourg. Le Duj’ est devenu une superstar oscarisée. Et pour le film qu’en penses-je ?

Eh bien c’est pas top. MAIS c’est un peu mieux que prévu. Au moins on ne pourra pas reprocher à Huth et Dujardin de ne pas assumer le concept : un one-man show filmé de Dujardin. La trame scénaristique, ici aussi, est assez fine, mais le film assume là aussi, surelevé par la mise en scène de James Huth qui retrouve enfin la teinte cartoon de Serial Lover (un des films les plus méconnus des ’90) ou de Hellphone (que je trouve assez sous-estimé). Les cassages de Brice sont plus disparates que dans le premier mais plus percutants, on notera par ailleurs la participation de Laurent Baffie aux dialogues, idée maline et cohérente avec le personnage. Bref, j’ai vu bien pire niveau comédie française de masse cette année.

Mais, mais, mais (parce que il y a toujours un mais), un truc vient pour moi ternir le tableau. C’est le dernier plan du film, sorte d’insulte lancée au spectateur ainsi qu’a son imaginaire. On ne traîte pas son public comme ca, messieurs.

Note : 4,5/10


LA MUSIQUE QUI VA BIEN

Aujourd’hui, la musique qui va bien c’est un morceau que j’adore, Un Homme Heureux, de William Sheller, dont Thomas Scimeca et Maxence Tual font une reprise très personnelle dans Apnée.

Salulululululululululululululut.

Populaire n’est pas insulte

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Si vous avez à peu-près mon âge (25 ans, bientôt 42 si vous avez bien suivi) et que vous n’avez pas vécu dans une grotte depuis une dixaine d’années, si je vous dis des prénoms tels que Gaspard et Balthazar, Morgan et Fabien, Enzo et Sidney, que je vous pose la question « Elle est où Jeanne ? » ou que tout simplement vous avez vu l’affiche du film (qui se trouve là, juste en haut, je vous jure), vous voyez très bien de qui je veux parler. Le trio composé de David Marsais, Grégoire Ludig (à l’écriture et à l’actorat) et de Jonathan Barré (à la réalisation) est devenu, en l’espace de 5 ans, l’équivalent des Nuls ou des Inconnus pour les générations Y et Z grâce à leurs sketches sur TV Hanou… euh non. D8. Ah non plus. C8, voilà. Même pas en fait, puisque c’est sur YouTube que leur sketches ont pris de l’ampleur, preuve d’ailleurs que la télé commence à devenir un média plus agonisant qu’autre chose.

Le cinéma était donc, pour eux, une évolution logique. Depuis quelques années, ils multiplient des apparitions dans les films de leurs potes (Les Dissociés et Babysitting notamment), commencent même les partitions en solo (Et ta Soeur de Marion Vernoux pour Ludig, bientôt Mariage (Blanc) Pour Tous de Tarek Boudali pour Marsais), mais c’est avec cette Folle Histoire de Max et Léon qu’ils entrent dans le cinéma en tant que Palmashow. Par ailleurs, ce serait cool qu’ils nous expliquent pourquoi ce nom un jour où l’autre…

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Le passage de la télé au cinéma est toujours un cap assez important. Et, en tout cas ici, cela se passe en général plutôt bien. La Cité de la Peur, Les Trois Frères, Le Pari, Mais qui a Tué Pamela Rose, La Tour Montparnasse Infernale, autant de films qui ont bercé notre carrière de cinéphile novice. On ne pourra pas en dire autant du passage au cinéma de personnes venant d’autres horizons. Qui, ici, se souvient de Ca N’empêche Pas les Sentiments, avec Chevallier et Laspalès, réalisé par un certain Jean-Pierre Jackson dont cela ne peut être qu’un nom d’emprunt ?  Ou de L’âme Soeur, DE ET AVEC Jean-Marie Bigard ? Ou, encore mieux, de Rendez-vous au Tas de Sable avec Richard Gotainer ou du Fabuleux Destin de Madame Petlet, avec Maïté ? (Oui oui ca existe)

Je vous vois arriver, avec votre mine déconfite, me rétorquer « olala t’es bien gentil (merci par ailleurs) mais tu viens nous parler des années 90, c’était le siècle dernier ça, et puis même que Charity Bizness avec Elie Semoun et Smaïn il était trop bien ». Et vous avez raison. Enfin pas pour Charity Bizness, personne n’aime ce film pour de vrai (sauf moi quand j’avais 14 ans, que voulez-vous on en fait des conneries dans la vie). Mais c’est vrai, les temps ont changé, internet est arrivé dans notre vie. Quid du passage d’internet au cinéma ? Eh bien… Pas Très Normales Activités, ça vous dit quelque chose ? Voilà, vous avez votre réponse.
Du coup, quid du Palmashow, qui joue un peu sur les deux tableaux ?

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Autant couper court aux péroraisons, La Folle Histoire de Max et Léon est une réussite. Ludig, Marsais et Barré réussissent tout d’abord ce que nos comédies cultes citées plus haut ont déja réussi : adapter leur style au format cinéma. Déja, on notera la prise de risque assumé par le film. Bah oui, ils auraient pu choisir la facilité et transposer leurs personnages pré-existants au cinéma, eh bien non. Le trio a décidé de faire un vrai film de cinéma, un film d’époque (décors et costumes à l’appui), d’aventures, et surtout avec de nouveaux personnages à appréhender. L’exposition de ces derniers au début du film est de ce fait très bien faite, car on arrive à les cerner en une quinzaine de minutes.

Et pour ce qui est du reste de l’écriture, on peut dire qu’ils se sont fait plaisir. C’est bien simple, les vannes fusent à tout-va et font presque toujours mouche. Un peu comme le scénario, véritable machine de guerre avançant à 100 à l’heure; c’est bien simple, l’ennui n’a pas de place ici. La grande force du scénar, par ailleurs, est d’avoir complètement intégré des références très 21ème siècle au contexte du film, comme par exemple lors d’une scène particulièrement tordante avec Monsieur Poulpe.

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En parlant du casting, là aussi c’est carton plein. Bien sûr, Ludig et Marsais se réservent la grosse part du gâteau et investissent le film de fort belle manière, mais le reste du cast est tout aussi fort en gueule. À commencer par Alice Vial, en tant que premier rôle féminin (assez badass par ailleurs, c’est assez cool), qui s’impose sans peine face à ces deux mastodontes. Pour le reste on notera principalement Nicolas Marié (mais lui ça compte pas, je jubile à chaque fois que je le vois dans un film), Nicolas Maury, Jonathan Cohen, et surtout Julien Pestel dans un rôle « fil rouge » qui n’apparaît qu’aléatoirement dans le film, mais avec une vraie évolution scénaristique et physique, qu’il porte avec panache. Et puis aussi, quel bonheur de revoir Bernard Farcy ! J’adore cet acteur, qui s’est un peu enfermé dans le registre de Gibert dans la saga Taxi (le pinnacle étant le final WTF du 4, en mode hystéro-cocaïnomane), et vu son rôle dans Max & Léon, j’aimerais le revoir plus souvent. Ce mec en à encore sous le coude.

L’autre inconnue du film était aussi la réalisation de Jonathan Barré. Passer de sketches tournant à l’efficacité reine à un vrai film de cinéma de 1h30, qui plus est un film d’époque, avec effets spéciaux et tout et tout, était un autre pari risqué. Autant dire qu’il le réussit, et le doigt dans le nez en plus. Le film est assez soigné niveau mise en scène/réal et les décors et costumes claquent. On est ici devant un objet pensé pour le public.

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Et c’est pour moi la plus belle réussite de Max & Léon : redonner ses lettres de noblesse à une certaine comédie française populaire (au sens le plus noble du terme), qu’on pensait disparue, et qui sera, à n’en point douter, à même de mettre dans le même panier le public type du Palmashow (génération 15-25 ans) et un public plus large, qui ne les connaît peut-être pas vraiment. C’est bien simple, la dernière fois que j’ai vu un truc de cette ampleur, ca s’appellait OSS 117.
Grégoire, David, Jonathan, bravo les gars.

Note : 8/10

Titre original : La Folle Histoire de Max & Léon | Réalisation : Jonathan Barré | Avec : David Marsais, Grégoire Ludig, Alice Vial, Saskia Dillais de Melo, Dominique Pinon, Bernard Farcy, Catherine Hosmalin, Julien Pestel, Nicolas Maury, Nicolas Marié… | Scénario : David Marsais et Grégoire Ludig, avec la collaboration de Jonathan Barré | Producteur : Ilan Goldman | Musique : Charles Ludig | Image : Sacha Wiernik | Décors : Stéphane Cressend | Montage : Delphine Guilbaud | Son : Gilles Vivier-Boudrier, Arnaud Trochu, Antoine Baudouin, François-Joseph Hors | Costumes : Florence Sadaune | Production : Légende Films, Blagbuster, StudioCanal, TF1 Films Production, Le 12ème Art, C2M Productions, Nexus Factory, Umedia | Distribution salles : StudioCanal | Durée : 98 minutes | Sortie : 1er Novembre 2016

LA CHANSON QUI VA BIEN

Aucun rapport avec le film (mais genre vraiment aucun), mais j’ai envie de mettre un morceau que j’arrête pas d’écouter en ce moment, Forever de Kenny Loggins. Donc je le fais. Ouais je suis un mec simple.

Tchou, on se revoit bientôt.

Le Viteuf #1 : Miss Peregrine, La Fille Inconnue, Le Ciel Attendra

Salut les petits zouzous, bienvenue dans le Viteuf numero uno.
Alors le Viteuf, kessescé ? Eh bien c’est très simple. Vous connaissez les légumes en vrac ?
C’est la même chose, avec des films. Critiques plus courtes, moins travaillées.
Allez hop c’est parti !

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Miss Peregrine et les Enfants Particuliers de Tim Burton

Je n’ai jamais été un grand fan de Burton jusqu’a présent, mais je pense être d’accord avec la critique la plus fréquemment faite à son cinéma : il a imposé un style, très bien, mais il a fini par l’autoparodier au fil des années. Alors pour le seuil de tolérance, chacun a son point de rupture : les cinéphiles les plus exigeants se sont arrêtés à Sleepy Hollow, d’autres plus indulgents se sont arrêtés à Alice au Pays des Merveilles. On murmure même que certains se sont même arrêtés à Dark Shadows, mais chut c’est un secret…

Après le zarbi Big Eyes (que perso j’avais bien aimé), Miss Peregrine est une nouvelle tentative de rebooter son cinéma. Vu le succès du film, on peut dire que c’est réussi, et c’est pas moi qui vais dire le contraire. Miss Peregrine est un divertissement très efficace, et sûrement le film le plus « vivant » de Burton depuis longtemps. En revenant à son amour des personnages marginaux, figure qu’il avait presque contredite dans les années 2000, et en y mettant un gros coup de fun (citons par ailleurs la scénariste Jane Goldman, qui est partie prenante dans la réussite de l’entreprise), on y rajoute des sfx assez spectaculaires et hop, cela nous donne un très bon spectacle à voir en famille.

Note : 7/10


filleinconnue.jpgLa Fille Inconnue de Luc et Jean-Pierre Dardenne

On peut parler de « style Burton », on peut aussi parler de « style Dardenne ». Depuis Je pense à Vous en 1992, les Dardenne ont imposé au public un style reconnaissable entre mille : scénario à portée sociale, mise en scène quasi-documentaire, pas ou peu de musique, acteurs récurrents (principalement Olivier Gourmet et Jérémie Rénier), le tout filmé à Seraing (dans la région de Liège), leur ville natale. Comme dit plus haut, avec un style aussi reconnaissable, où se trouvent leurs leurs limites ? L’accueil assez froid de La Fille Inconnue au dernier Festival de Cannes apportait un élément de réponse, d’où ma curiosité pour ce dernier.

Après un très beau Deux Jours, Une Nuit, La Fille Inconnue est, en effet, un écart de conduite. Pas un gros hein, mais un écart de conduite quand même. Un moment d’égarement, quoi. Autant vous le dire tout de suite, les Dardenne tutoient un genre qu’ils n’avaient jamais cotoyé auparavant à ma connaissance : le film policier. Et c’est la que le bât blesse. Le côté enquête policière plus la mise en scène naturaliste plus la photo blafarde plus le jeu atone des comédiens (j’ai vraiment du mal avec Adèle Haenel donc ca n’aide pas), le tout combiné m’a fait penser à du Julie Lescaut. Oui le mot est un peu fort mais c’est comme ca que je l’ai vécu. Et puis Luc et Jean-Pierre ont de bonnes idées, de bonnes pistes, mais ils n’en font rien, et surtout, ne savent pas quoi raconter. Du coup, le film peine à émouvoir et paraît plutôt long. Next time bros !

Note : 3,5/10


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Le Ciel Attendra de Marie-Castille Mention-Schaar

Productrice à la base, Marie-Castille Mention-Schaar (on va l’écrire MCMS, ça va être plus simple) s’est lancée à la réalisation en 2011 et, après deux tentatives qui ne sont restées dans les annales (Ma Première Fois et le gros navet Bowling), a trouvé son crédo avec son troisième film, Les Héritiers, en 2014 : du cinéma social grand public. Personnellement, j’avais plutôt bien aimé Les Héritiers, film de collégiens très « à l’américaine », et enchaîne donc avec Le Ciel Attendra, au sujet on ne peut plus touchy : l’embrigadement de jeunes français au djihadisme.

MCMS marche clairement sur des oeufs, et fort heureusement. Le début laisse présager du pire (raccourcis dangereux à la clé) et se ravise en se focalisant sur l’humain, où il devient meilleur. C’est presque quand MCMS s’éloigne de son sujet qu’elle devient convaincante. On pourra ceci dit regretter une écriture des personnages très simplette que les performances de Noémie Merlant et Naomi Amarger, assez moyennes, n’arrangent pas. Et puis le film est quand même très scolaire, pas très fin, avec pas mal de pathos.
De tous les films sur le sujet, on lui préfèrera encore et toujours La Désintégration de Philippe Faucon, beaucoup plus fin, et qui a cela de dramatique qu’il a été tourné un an avant la tuerie de Mohamed Merah.

Note : 5/10


LA MUSIQUE QUI VA BIEN

Ewi aussi, ici aussi de la musique ! Mais cette fois-ci un album entier, carrément. Parce que je suis un mec sympa. Du coup laissez-moi vous proposer un album que j’écoute beaucoup ces derniers jours : Acabou Chorare de Novos Baianos.

Je vous fais une grosse baise, à plus les copain.e.s.

La juste distance

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Dans le cinéma, les genres sont légion.
Comédie, drame, thriller, fantastique, science-fiction, polar, comédie musicale… Pour ces genres de films, le public (à comprendre « grand public ») peut répondre présent facilement. Par contre, le documentaire… c’est une autre histoire.
Si vous posez la question « le documentaire est-il du cinéma ? » à des cinéphiles, ils vous répondront oui, bien sûr, et loueront les talents de grands documentaristes comme Frederick Wiseman, Chris Marker, Jean Rouch et encore d’autres.
Mais si vous posez cette question à un public lambda, il vous répondra que non, le documentaire c’est pas du cinéma. Que le réel, cela ne s’écrit pas, que la dramaturgie n’a rien à faire dans la vie « normale ».

Le succès surprise de Merci Patron, de François Ruffin, cette année, a dans un sens changé la donne. Alors, a bonne ou mauvaise fortune, à vous de juger. Mais dans ce film se trouve quelque chose de très intéréssant : un auteur de documentaire reste un auteur, qui peut écrire le réel et le sublimer.
Certes, il y a quelque part de la manipulation dans la démarche de Ruffin. Mais, en étant acteur de son film plus que simple filmeur, il permet d’en écrire le scénario et d’en faire un vrai film de cinéma, où l’on peut rire ou être ému.
Et puis, autre critique courante sur les documentaires : « on ne va pas payer pour voir ce qu’on voit tous les jours ». Et pourtant… le documentaire reste, surtout en ces temps-ci, une bouée de sauvetage. Dans un monde où beaucoup de pays préfèrent rester recroquevillés sur eux-mêmes (on est bien en état d’urgence en ce moment), le documentaire ouvre les yeux du spectateur sur ce qui se passe autour de lui, et lui intime qu’il n’est qu’une infime parcelle du monde dans lequel il vit.
Après tout, les premiers films de cinéma ne sont-ils pas des documentaires ?

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Rokhsareh Ghaem Maghami réalise ici son troisième film (et premier long, après deux moyen-métrages) documentaire. Sinoze, en 2007, était un portrait de l’artiste Jamshid Aminfar. Ensuite, Going Up the Stairs, en 2011, était aussi un portrait, cette fois d’une artiste peintre illétrée. Jamais deux sans trois, Sonita est aussi un portrait d’artiste. Mais, justement, commençons par cette question : connaissez-vous Sonita Alizadeh ?  Il y a de fortes chances que non. En tout cas, ce n’était pas mon cas en entrant dans la salle.

Et pourtant, à la fin du film, difficile de ne pas être admiratif de Sonita. Jeune afghane exilée en Iran, elle est très vite passionnée par la musique. D’abord par la pop, pour bifurquer ensuite vers le rap, qui lui permet de mieux exprimer ses désillusions, son combat, ses rêves. Non sans problèmes, elle publie un clip en 2014, Dokhtar Forooshi, morceau de rap sur le mariage forcé, dont elle a failli être victime. La vidéo devient vite virale, et de fil en aiguille, réussit à partir d’Iran pour aller éduquer dans un campus aux USA.

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Je le dis plus haut, le documentaire nous ouvre les yeux sur le monde. Dans Sonita, on est en plein dedans. Comme nous tous, elle rêve d’ailleurs. Elle rêve d’avoir comme mère Rihanna, et comme père Michael Jackson, et cela ne nous paraît même pas absurde. On ne la connaît pas, elle ne nous connaît pas. Et pourtant elle existe pour de vrai.
Preuve, si l’en est, que le documentaire reste un vrai film de cinéma : la personne à qui l’on s’adresse nous est inconnue, comme à peu près 80% de ce qui sort sur les écrans en ce moment. Par ailleurs, dans le déroulé du film, on est proche du conte de fées.
La fée, ici, s’appelle Rokhsareh Ghaem Maghami.

C’est là que se trouve la grande force du film, et ce qu’il raconte, à mon avis, de façon consciente ou non : c’est qu’en s’imposant, en essayant de faire bouger les lignes, en s’échappant de sa simple fonction, qu’on arrive à faire bouger les choses. Dans la première partie du film, RGM reste en simple filmeuse d’un avenir qu’elle espère radieux, tout en essayant de ne pas intervenir par pudeur ou prudence. Sauf qu’au milieu du film, une bascule arrive dans le film où ni elle, ni l’équipe du film ne peut rester là les bras croisés, et sont bien obligés d’intervenir. Parce qu’il n’y a pas d’autre choix. Et sans cette décision, la deuxième partie du film (donc celle de la vie de Sonita) n’aurait pas lieu d’exister.
Et au final, cela lui permet d’écrire, d’une certaine façon, le scénario de son film, tout en en devenant le second rôle. Et, preuve de son talent, déja : elle trouve toujours la distance parfaite entre elle et Sonita, entre fée magique et confidente mais toujours avec une petite pointe de recul nécéssaire, et surtout, le happy end ne paraît pas ni superflu ni de mauvais goût.

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En somme, Sonita est un film très réussi, et un vrai film de cinéma. Rokhsareh Ghaem Maghami, en trouvant la juste distance entre elle (et, par extension, le public) et Sonita, nous impose une belle héroïne, qui pourrait très bien exister en fiction, et avec qui on entre en empathie de façon assez immédiate.

L’art a cela de magique que quand on s’y immerge, on peut faire ce qu’on veut. Et tout peut arriver. Et quand deux routes se croisent, cela peut créer quelque chose de vraiment sympa. Comme la réussite d’un film pour Ghaem Maghami, et le début d’une belle carrière pour Sonita.
En tout cas, c’est tout le bien que je lui souhaite.

Note : 6,5/10


Titre original : Sonita | Réalisation : Rokhsareh Ghaem Maghami | Avec Sonita Alizadeh; Rokhsarek Ghaem Maghami… | Production : Gerd Haag | Musique : Moritz Denis, Sonita Alizadeh, Sepandarmaz Elahi Shirazi | Image : Behrouz Badrouj, Ali Mohammad Ghasemi, Mohammad Haddadi, Arastoo Givi, Torben Bernard, Parviz Arefi, Ala Mohseni | Montage : Rune Schweitzer | Production : TAG/Traum, Intermezzo Film, Rokhsareh Ghaem Maghami, NDR, RTS (Radio-Télévision Suisse), SRG SSR, DR | Distribution salles : Septième Factory | Durée : 91 minutes | Sortie : 14 Octobre 2016

 


LA MUSIQUE QUI VA BIEN

Du coup, difficile de ne pas se quitter sur le clip qui a changé le destin de Sonita Alizadeh, Dokhtar Forooshi. Raison de plus de voir le film, il y est sous-titré.


Bisous les zouzous, rendez-vous dans quelques jours pour le premier Viteuf !
Mais c’est quoi le viteuf ? Vous allez vite le savoir.